La pêche sur échasses fait partie des images les plus emblématiques du Sri Lanka. Sur la côte sud, près de Galle, Koggala ou Weligama, ces silhouettes perchées au-dessus des vagues attirent depuis longtemps voyageurs et photographes. Mais derrière la beauté des clichés se cache une réalité plus contrastée, marquée par l’histoire récente, l’évolution des ressources marines et le poids du tourisme.
Une technique née par nécessité
La pêche sur échasses n’est pas aussi ancienne qu’on pourrait l’imaginer. Elle se développe au XXᵉ siècle, lorsque les pêcheurs doivent s’adapter à la surpêche côtière et au manque d’accès à des bateaux. Pour atteindre des zones poissonneuses près des récifs, ils fixent des perches en bois directement dans le fond marin : une grande tige verticale et un petit barreau horizontal servant de siège. Cette position surélevée permet de projeter moins d’ombre à la surface de l’eau et d’attirer davantage de petits poissons comme le maquereau ou le hareng tacheté.

Les pêcheurs s’installent tôt le matin ou en fin d’après-midi, lorsque les poissons s’approchent du rivage. L’équilibre, l’immobilité et le silence forment l’essence de cette technique : trop de mouvement, et le banc fuit aussitôt. Le travail est exigeant : chaleur, embruns, jambes engourdies, vagues parfois fortes… rien n’est confortable dans cette position, mais la méthode a longtemps permis aux familles de compléter leurs ressources.
Un tournant majeur après le tsunami de 2004
Le séisme et le tsunami de 2004 bouleversent profondément la côte sud du Sri Lanka. Le récif est détruit dans une grande partie de la région, les poissons se font plus rares et la rentabilité de la pêche sur échasses chute brutalement. Beaucoup de pêcheurs se reconvertissent : nouveaux métiers, départs vers la ville, ou adoption de techniques de pêche plus efficaces.

Sur certaines portions du littoral, les perches en bois restent plantées mais demeurent souvent vides. Quelques pêcheurs montent encore dessus par habitude ou attachement à leur métier, mais la majorité des scènes observées aujourd’hui répond en grande partie à la demande touristique.
Une pratique préservée grâce aux visiteurs
Le tourisme joue maintenant un rôle essentiel dans la survie de la pêche sur échasses.
Sur la côte de Koggala, Ahangama, Weligama ou Kathaluwa, les voyageurs rencontrent principalement deux situations :
1. Des démonstrations organisées pour les visiteurs
Des pêcheurs montent sur les perches pour expliquer leur technique, poser pour des photos ou laisser les visiteurs essayer. Leur rémunération provient d’une contribution ou d’un pourboire négocié sur place. L’ambiance est souvent conviviale : échanges, sourires, discussions, parfois même possibilité de manipuler une canne ou de grimper brièvement sur une perche avec l’aide des pêcheurs.
2. Quelques praticiens authentiques mais rares
Dans des moments plus discrets, tôt le matin, après la marée ou loin des routes principales, certains pêcheurs continuent réellement à pêcher, même si les quantités sont limitées. Ces scènes existent encore, mais elles sont moins faciles à observer et demandent du temps ou une présence régulière.

Pour beaucoup, cette activité ressemble désormais à une démonstration culturelle, comparable aux traditions mises en scène dans d’autres régions du monde pour préserver un savoir-faire menacé. Elle permet aux communautés locales de maintenir un lien avec leur héritage tout en générant un revenu complémentaire.
Les meilleures zones pour observer les pêcheurs sur échasses
La pratique est concentrée sur la côte sud-ouest du Sri Lanka, notamment :
- Koggala
- Ahangama
- Weligama
- Kathaluwa
- Mirissa
- Hikkaduwa
- Dikwella
- Tangalle
- et, plus rarement, près de l’estuaire du Madu River
Au lever ou au coucher du soleil, les conditions lumineuses créent les silhouettes les plus spectaculaires.

Conditions réelles, expérience sur place et éléments pratiques
Pour comprendre la pêche sur échasses telle qu’elle existe aujourd’hui, plusieurs éléments concrets doivent être connus avant la visite :
Conditions physiques sur le terrain
- Les vagues peuvent être fortes : l’eau atteint parfois la taille ou la poitrine pour un photographe ou un accompagnateur.
- L’accès aux perches peut se faire sur des rochers glissants ou du corail instable.
- Les pêcheurs restent perchés longtemps, exposés au soleil et aux embruns.
Aspect économique réel
- La grande majorité des scènes accessibles aux visiteurs relève aujourd’hui de la démonstration rémunérée.
- Les contributions ne sont pas standardisées : ce sont des accords informels selon la durée, les poses ou l’interaction souhaitée.
- Le geste transmis reste fidèle à la technique d’origine, même lorsque la scène est organisée.
Comment vivre cette expérience de manière respectueuse
- Respecter les pêcheurs : attendre qu’ils invitent à approcher, ne pas bloquer l’accès aux perches.
- Éviter de demander des poses dangereuses, surtout par forte houle.
- Ne pas entrer dans l’eau sans vérifier les rochers, le courant ou la profondeur.
- Prévoir pieds aquatiques, vêteme nts qui sèchent vite, et respecter les zones indiquées.
Pour Finir
La pêche sur échasses n’est plus une scène de vie quotidienne partout, mais elle reste un fragment précieux du patrimoine côtier sri-lankais. Entre technique, résilience et adaptation au tourisme, cette pratique symbolise l’ingéniosité des communautés de pêcheurs face aux transformations de leur environnement.
Pour observer la pêche sur échasses dans de bonnes conditions, Mai Globe Travels organise des visites respectueuses et encadrées par des guides locaux. Leur expertise garantit une expérience authentique et adaptée à la réalité d’aujourd’hui.
